Les conséquences du changement climatique et son impact sur le continent africain
Un rapport sans précédent publié il y a quelques semaines par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat GIEC pointe du doigt la responsabilité grandissante de l’activité humaine sur notre environnement. Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont désormais un niveau jamais atteint depuis plusieurs siècles. Le rapport de la Banque mondiale intitulé « 4° Baissons la Chaleur » paru en Juin 2013 témoigne de la gravité de la situation. Il est démontré dans ce rapport que si rien n’est fait dans les prochaines années, le réchauffement de la planète sera inévitable et les conséquences qui en découleront auront un fort impact sur non seulement la faune et la flore mais aussi sur l’être humain.
Les simulations climatiques basées sur les éléments naturels (éruptions volcaniques, variations solaires) peuvent expliquer des variations de températures jusqu’aux années 1950. Mais depuis 1950, ces variations de températures ne sont explicables que si on intègre les activités humaines, qui apparaissent même comme le principal facteur causant le réchauffement constaté. Dans son dernier rapport, le GIEC met l’accent sur le lien entre la responsabilité humaine et le changement climatique : auparavant, ce lien était moins certain, il était évalué à un petit peu plus de 50% en 1995 puis à 66% en 2001. Aujourd’hui, cette responsabilité est estimée comme « extrêmement probable » (95% de chances).
L’Afrique qui pour le moment est très loin de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique en termes de pollution et d’émissions de gaz à effet de serre pourrait paradoxalement se retrouver en première ligne du changement climatique. Certaines zones ont d’ailleurs commencé à subir les premiers effets : cyclones, inondations, vagues de chaleur, pénuries alimentaires. Des mots qui font peur, mais qui pourraient très bientôt se traduire dans les faits. La Banque Mondiale a émis, l’année dernière, un rapport sur les menaces du réchauffement à l’échelle globale. Passé quasiment inaperçu, il met en avant la fragilité du continent africain face aux modifications climatiques. L’institution est très claire, d’ici 20 à 30 ans seulement, les africains devront faire face à des phénomènes extrêmes. Ce sont les villes côtières qui seront les plus exposées. L’augmentation du niveau des océans menace directement plusieurs dizaines de millions de personnes.
Quelles mesures au niveau mondial puis africain pour limiter les dégâts ?
Le changement climatique compromet déjà les progrès et les perspectives de développement du continent africain. Ses conséquences se font déjà sentir sur tous les pays et dans tous les secteurs, aussi bien en Afrique subsaharienne qu’au Maghreb. Des espèces disparaissent, des terres sont inondées et des moyens de subsistance sont menacés. La multiplication des épisodes de sécheresse, des inondations, des grosses tempêtes et des feux de forêts impose un lourd tribut aux particuliers, aux entreprises et aux pouvoirs publics. Les phénomènes climatiques extrêmes peuvent plonger les ménages sous le seuil de pauvreté, ce qui risque d’aggraver le problème de l’exode rural. On risque ainsi une complication des efforts de promotion de la croissance économique et d’éradication de la pauvreté et des inégalités. Il importe d’intervenir pour ralentir le rythme de l’évolution du climat et s’adapter aux impacts qui se font déjà sentir.
À défaut d’y parvenir, nous serons incapables d’aider les plus pauvres sur la planète à échapper à la misère. Il convient d’engager des actions dynamiques et décisives pour éviter un monde à + 4 °C : un monde qui sera ingérable, aux prises avec des vagues de chaleur sans précédent et accablé par la souffrance humaine. Il n’est pas trop tard pour plafonner le réchauffement planétaire vers + 2 °C et renforcer notre capacité d’adaptation aux hausses de températures et aux autres effets du changement climatique qui poseront probablement toujours une menace pour l’agriculture, les ressources hydriques, les infrastructures côtières et la santé humaine. Une nouvelle dynamique doit être mise en place. Nous avons besoin de changements technologiques radicaux, d’une volonté politique visionnaire et d’une solide coopération internationale pour parvenir à infléchir la tendance actuelle de l’évolution du climat afin de protéger les populations et les écosystèmes.
La Banque mondiale a élaboré par ailleurs un Plan d’Actions pour la gestion du climat, qui s’appuie sur les conclusions des rapports «4° Baissons la chaleur » paru en Juin 2013, afin de placer le climat en priorité de ses futurs travaux et financements. Parmi les dispositions envisagées, elle entend aider les pays à concevoir des plans stratégiques et des projets d’investissement qui intègrent les risques et les opportunités liés au changement climatique, fournir les instruments dont les pays et les villes ont besoin pour mieux évaluer le changement climatique et s’y adapter, à travers notamment un suivi des émissions de gaz à effets de serre. De plus elle souhaite tirer de ses projets les normes et les meilleures pratiques pour améliorer la résistance des infrastructures pour les générations à venir et utiliser ses fonds dédiés au climat pour augmenter l’appui aux énergies propres, au développement sobre en carbone et à la résilience climatique.
Des études scientifiques publiées depuis ces dernières années donnent à penser que compte tenu des émissions de gaz à effet de serre (GES) mesurées récemment et des tendances qu’elles affichent, ces émissions pourraient atteindre au cours du XXIe siècle des niveaux plus élevés que ce qu’on prévoyait antérieurement. Dans ces conditions, et à défaut d’actions à court terme, la probabilité d’atteindre ou même de dépasser le seuil de + 4 °C augmentera. Il est impératif qu’un consensus émane au niveau mondial si nous voulons conserver notre environnement et éviter d’impacter fortement le développement de notre économie pour les prochaines décennies ; ce qui ne manquera pas de fragiliser l’équilibre mondial.
Il y a quelques années, les plus gros pollueurs manifestaient encore des réticences à un accord mondial sur le climat. Cette fois- ci, il est plus qu’évident que les choses devront changer pour le bien de l’humanité.
Par Khaled IGUE pour Eurogroup et Club 2030