A l’heure de l’open et du big data, l’économie africaine doit plus que jamais réaliser que pour prendre la main, elle doit appliquer le fameux « Knowledge is Power ». Le premier obstacle que les acteurs économiques et porteurs de projets rencontrent sur le continent noir reste la difficulté d’accès à l’information fiable.
« L’intelligence économique part du principe qu’il ne suffit pas d’être le meilleur dans son domaine pour gagner. Être bien informé de la concurrence en particulier et de l’environnement en général permet d’anticiper, de résister, de déjouer, voire de retourner certains écueils. L’Africain ordinaire comprendra que, parvenu au stade où elle en est, l’économie de son continent a besoin de professionnels qui collectent, mettent en forme, sécurisent, et diffusent les informations sur lesquelles les dirigeants et les opérateurs économiques doivent s’appuyer. » (Guy Gweth, fondateur de Knowdys Consulting Group et président du CAVIE).
Toutes les données statistiques et macroéconomiques placent l’Afrique depuis au moins cinq ans au cœur du potentiel de croissance mondial :
Sa natalité galopante n’est plus perçue par les spécialistes comme un frein au développement. Au contraire, une fois que le fameux « 1 milliard de consommateurs » a été inséré dans la matrice, le continent africain est passé en l’espace d’une décennie, de calamité du monde à une terre attirant de plus en plus de capitaux.
Cet afflux d’investisseurs et d’entreprises se délocalisant sur notre continent, et faisant de l’Afrique le second pôle d’attraction des investisseurs étrangers après l’Amérique du Nord, apporte aux entreprises et à l’économie locale de nouveaux défis et une nouvelle urgence : Etre compétitif pour ne pas disparaître.
Face à l’ouverture des frontières commerciales et à la libéralisation des échanges, cela devient une absolue nécessité pour la survie de l’entreprenariat, du savoir-faire et plus globalement des économies africaines. C’est aussi en cela que l’Afrique doit émerger.
« Knowledge is Power »
A l’heure de l’open et du big data, l’économie africaine doit plus que jamais réaliser que pour garder ou reprendre la main, elle doit impérativement appliquer le fameux « Knowledge is Power ». Le premier obstacle que les acteurs économiques et porteurs de projets rencontrent sur le continent c’est la difficulté d’accès à l’information.
Alors que dans la plupart des pays occidentaux les centres nationaux d’études statistiques et économiques égrènent tout au long de l’année les dernières données sectorielles, il demeure difficile pour les agents économiques opérant sur le marché africain de trouver les informations utiles à leur processus décisionnel.
En effet, qu’il s’agisse de collecte ou d’accès à l’information, beaucoup d’efforts devront être fournis sur le continent en vue d’avoir des bases de données fiables et facilement accessibles.
Des initiatives à encourager
Consciente de l’enjeu, la Banque Africaine de Développement (BAD) a lancé officiellement en 2014 sa plateforme « Open Data Afrique », en vue de faciliter l’accès aux données économiques, démographiques et sectorielles sur le continent. Un an après son lancement, elle a été retenue comme l’une des initiatives de données les plus innovantes au monde.
Cette plateforme permet effectivement à l’échelle des décideurs d’évaluer les progrès et l’impact des politiques publiques sur les objectifs de développement. Excellent outil de pilotage macro-économique, il devient moins pertinent pour des études de marchés à destination de porteur de projets privés ou voulant se positionner sur certaines niches.
A l’échelle des Etats, le Maroc fait figure de pionnier sur le continent avec la plateforme Data.gov.ma, offrant tout un panel aux utilisateurs de données économiques, démographiques et sectorielles sur le pays.
Ces initiatives, bien qu’étant à encourager, ne suffisent cependant pas à cacher le manque criard d’informations à disposition des acteurs locaux et étrangers pour mieux pénétrer le marché africain.
Au-delà de la présence des plateformes, demeure la question de la disponibilité de l’information. Force est de constater, et ce surtout dans le secteur privé, que la prépondérance de l’informel, la culture du secret et de l’opacité fiscale, ainsi que le manque de professionnalisme dans la gestion comptable, contribuent à rendre la tâche difficile aux plateformes open data sur le continent.
En 2015, par exemple, le Top 5 des pays africains en matière d’accès global à l’information et aux statistiques ont fourni moins de 40% de données entreprises, le premier étant le Rwanda avec 38%, le Benin fermant la marche avec 30%.
C’est dire à quel point le chemin à parcourir est encore long sur le continent à l’heure où Facebook, champion mondial de la collecte de données s’apprête à lancer son drone Aquila pour « faciliter l’accès à internet » à plusieurs centaines de millions d’utilisateurs et collecter en même temps les données et préférences de plusieurs centaines de millions de potentiels clients et prospects au profit de ceux qui ont déjà compris qu’en économie, accès à l’information et compétitivité vont de pair.