Le président du Parlement panafricain, Roger Nkodo Dang, est venu défendre devant l’Assemblée nationale un plan pour l’électrification de l’Afrique. Auquel il manque encore 50 milliards de dollars pour voir le jour.

L’électrification du continent africain pourrait prendre dix ans seulement. C’est le message délivré par le président du Parlement panafricain, Roger Nkodo Dang à l’occasion d’undiscours à L’Assemblée nationale le 3 novembre.

« 75 % des Africains n’ont pas accès à ces droits fondamentaux que sont la lumière et l’électricité », a rappelé Roger Nkodo Dang, soit 600 millions d’Africains qui sont dépourvus d’un accès à l’électricité. Un retard qui pourrait être comblé assez rapidement.

600 millions d’Africains sans électricité

« Nous avons créé l’instrument, il manque maintenant juste des fonds propres », a affirmé le président du Parlement panafricain. En effet, le 15 juin dernier, les 54 chefs d’États et de gouvernements de l’Union africaine ont accepté – à l’unanimité – de créer une d’une Agence africaine pour l’électrification, qui serait dédiée au financement, mais surtout à la coordination de projets d’électrification en Afrique.

Le vote des chefs d’État et de gouvernement a par ailleurs été soutenu le 7 octobre par un vote du Parlement panafricain, assemblée consultative de l’Union africaine regroupant des représentants de 53 pays africains.

« Cela permettrait à l’Afrique de passer de 25 % à 100 % d’accès à l’électricité en moins de dix ans et d’en faire le premier continent soutenable du monde. L’accord est à portée de main », a poursuivi Roger Nkodo Dang.

Le projet soutenu par Jean-Louis Borloo, au travers de sa fondation « Énergies pour l’Afrique », le plan d’électrification pourrait par ailleurs représenter un relais de croissance non négligeable pour les entreprises françaises. La fondation de l’ancien ministre français de l’Écologie est d’ailleurs financée par une myriade des grandes entreprises françaises(Total, Bolloré, Bouygues, Engie, etc)

Besoins de fonds publics

Mais pour aboutir, le plan d’électrification doit d’abord réunir des fonds publics pour assurer son lancement. « Nous avons besoin de 5 milliards de dollars par an pendant dix ans. C’est une somme dérisoire au regard de l’enjeu, mais cette somme doit être une réalité et arriver sous forme de crédits sécurisés », a martelé Roger Nkodo Dang.

Attendus sous forme de subventions de la part des États responsables historiquement du changement climatique, dont les pays européens, les 5 milliards de dollars par an devraient permettre de lever des fonds privés afin d’atteindre les 250 milliards de dollars nécessaires à la réalisation du plan pour l’électrification du continent.

La demande du président du Parlement panafricain a été largement soutenue par les députés français. Fin octobre, leurs homologues du Sénat avaient également manifesté leur soutien en faveur de cette initiative en adoptant une résolution appelant le gouvernement à « appuyer la démarche engagée ».

« Cette électrification est l’occasion pour l’Europe d’accompagner la transition énergétique de l’Afrique, tout en favorisant les énergies renouvelables, afin de stopper une déforestation qui ne fera que croître sous l’effet de l’explosion démographique à venir », avait rappelé le sénateur Jean-Marie Bockel, auteur de la résolution.

Soutien

Malgré ce large soutien parlementaire, les promesses de financement de la part de la France se font encore attendre. « La France soutient les énergies renouvelables en Afrique au travers de sa politique de développement », a rappelé le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, présent lors du débat.

« Notre engagement doit être à la hauteur. L’Afrique n’a pas besoin de nouvelles promesses, mais d’engagement concret », a-t-il rappelé. « Mais nous ne pouvons pas être seuls », a-t-il nuancé.

Un appel direct à l’attention des grands pays émetteurs de CO2, qui devrait tous mettre la main au portefeuille pour financer le plan africain. Pour déclencher une première vague d’engagements financiers, la conférence internationale pour le climat (COP 21 ) qui doit se tenir en décembre à Paris devrait faire figure de premier rendez-vous.

« Si la COP 21 ne peut pas trouver un accord international sur cette question, autant remballer les tréteaux et les lampions tout de suite », a prévenu Philippe Vigier, président du groupe UDI à l’Assemblée nationale.

Multiples initiatives

Face au défi africain, les initiatives privées et publiques se sont toutefois multipliées ces dernières années, entretenant une certaine concurrence des programmes bilatéraux et multilatéraux.

En 2013, les États-Unis avaient annoncé le lancement du plan « Power Africa », une initiative dont l’ambition était de doubler l’accès à l’électricité en Afrique d’ici 2018. Avec un budget public de 7 milliards de dollars et de 14 milliards provenant de fonds privés.

Du côté français, Schneider Electric a lancé en juin le fonds Energy Access Ventures qui vise à financer des projets d’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne. Ce nouveau fonds public-privé veut fournir de l’électricité à un million de foyers d’ici 2025 en Afrique Subsaharienne et est doté de 54,5 millions d’euros.

Enfin, le Fonds vert pour le climat, qui a enregistré des promesses de financement d’environ 10 milliards de dollars vise lui aussi à financer des projets d’énergie verte dans les pays en développement. Une initiative dans laquelle la France a d’ailleurs déjà promis 1 milliard de dollars sur deux ans.