LES ENTREPRISES FACE A LEURS RESPONSABILITES : Quels nouveaux modèles de financement ? par Roger Mulamba

by club2030

LES ENTREPRISES FACE A LEURS RESPONSABILITES : Quels nouveaux modèles de financement ? par Roger Mulamba

by club2030

by club2030

 

Les entreprises constituent l’un des piliers essentiels de l’économie moderne. Leurs contributions au développement de notre société repose essentiellement sur leurs potentialités à créer de la valeur ajoutée à travers la production des biens et services ou encore les emplois qu’elles génèrent par leurs activités.

Il en découle pour ces entités, un besoin de plus en plus prononcé vers la recherche des ressources financières nécessaires à la croissance et à la diversification de leurs investissements.

Cependant, si les politiques de financement ont connu une avancée significative en Europe, en Amérique et dans une bonne partie de la zone asiatique par un recours systématique aux marchés financiers et à d’autres solutions alternatives de financement (les plateformes de paiement interentreprises, les programmes d’asset-based lending, les fonds de dettes, etc.), la situation est demeurée plus ou moins figée en Afrique.

En effet dans cette région, le domaine de financement est resté longtemps dépendant du système bancaire classique, basé pour l’essentiel sur les opérations de crédits à court et moyen terme. Aussi, rares sont les financements d’investissement ; le plus souvent les crédits étant destinés à l’amélioration du fonds de roulement des entreprises ou encore au financement de leurs actifs circulants uniquement, ne répondant donc pas aux projets d’investissements portés par les PME.

Plusieurs facteurs peuvent donc expliquer cette situation dans ce domaine parmi lesquels, nous pouvons épingler l’absence des reformes législatives adéquates  adaptées aux réalités africaines. A ce propos, il convient de relever que le secteur privé qui est le principal moteur de la croissance dans les économies de marché est constitué en majorité sur le continent africain des PME qui, pour leur bonne partie sont mal structurées et souvent inéligibles aux conditions bancaires d’octroi de crédits.

Le cas de la République Démocratique du Congo illustre bien cette tendance. Dans ce pays, l’activité de crédit est régie par la loi n° 003/2002 du 02 février 2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit ainsi que par le règlement bancaire constitué de plusieurs instructions normatives édictées par la Banque centrale.

Il convient de noter que ces textes édictent des règles prudentielles fortement inspirées par les directives du comité de Bâle, mais qui s’avèrent le plus souvent mal adaptées à l’environnement socio-économique des entreprises congolaises en les excluant d’office de l’accès aux financements bancaires. Privées ainsi des ressources nécessaires aux investissements, ces entreprises voient leur croissance fortement ralentie voir, quasi nulle.

En sus, à quelques exceptions près, la majorité des législations financières de pays africains laissent très peu de place à l’organisation de véritables marchés financiers sur lesquels les entreprises peuvent lever les fonds dont elles ont besoin pour améliorer leur croissance.

Il sied d’ajouter à ce tableau, l’instabilité institutionnelle qui influe négativement sur l’économie et écorne significativement la confiance entre le banquier (prêteur) et l’entreprise (le débiteur potentiel), le tout, dans un environnement d’incertitude.

Il importe donc d’envisager des nouveaux outils de financement adaptés à l’Afrique et à même d’entraîner les rouages de la machine économique en permettant aux PME de réunir les ressources nécessaires pour produire des biens et des services. Soulignons qu’une croissance rapide et durable ne peut être favorisée que par une conjonction favorable dans laquelle l’entrepreneuriat et l’investissement induisent une hausse de la productivité qui, à son tour autorise un accroissement des investissements dans le futur. Cependant, sans une mobilisation suffisante des capitaux, pareille croissance sera sérieusement compromise.

Le système de financement privé peut s’avérer un outil alternatif intéressant dans les économies africaines. En effet, ce mécanisme appelé en RDC « La banque Lambert » est constitué des prêteurs privés qui financent parfois des quotités de financement largement supérieures aux produits bancaires classiques.

Ce système qui fonctionne déjà couramment entre les utilisateurs à la recherche de financement et les prêteurs peut permettre aux PME, fer de lance de nos économies de lever suffisamment des capitaux ce, en un temps record. Il est surprenant de constater l’adhésion des demandeurs des crédits à ces financements aux taux d’intérêts exorbitants fixés dans le circuit de « banque Lambert ».

Il convient donc pour cela de mettre en place un cadre juridique, fiscal et règlementaire adéquat par en vue redynamiser ce secteur important de financement.

Comme nous l’avons relevé ci-haut, l’existence des règles bancaires prudentielles rigoureuses peut constituer aussi un frein au financement des entreprises. La création d’un fonds de garantie public au financement en faveur des PME peut dans une large mesure briser la méfiance du système bancaire à l’égard de cette catégorie d’opérateurs économiques.

La mobilisation de ce fonds est tout aussi possible car, dans le cas de la RDC par exemple, il existe déjà une taxe sur la promotion de l’industrie supportée par les entreprises et qui peut en constituer la matière.

Parlons enfin des marchés financiers qui constituent une source très importante de mobilisation des capitaux pour les entreprises. Cependant, l’absence des structures bien élaborées qui caractérise bon nombre des PME en Afrique peut constituer une entrave sérieuse pour leur accès aux marchés boursiers. Ainsi, dans la perspective de leur création ou promotion sur le continent, l’instauration de produits minimisant les risques d’investissement peut être envisagée. Nous pensons notamment au système des fonds obligataires mutualisés ; ces derniers présentent l’avantage de disperser les risques et de proposer des encours élevés pour rentrer ainsi dans les critères des investisseurs.

Des modèles de financement bien pensés et mieux adaptés aux réalités africaines peuvent ainsi contribuer à accélérer la croissance en augmentant les capacités de production des entreprises ; ce qui influera positivement sur la création d’emplois et la lutte contre la pauvreté.

 

TABLEAU COMPARATIF DES MODELES DE FINANCEMENT

Modèles

de financement

Structures des PME Causes Solution Préalables
 

1. Financement  bancaire

Classique

 

 

2. Financement privé

« Banque Lambert »

 

3. Marchés boursiers

 

 

 

Moins éligibles

 

 

 

 

Eligibles

 

 

Non éligibles

 

Méfiance

 

 

Confiance mutuelle

 

 

 

Structures inadaptées

 

 

 

 

Fonds de garantie public

 

 

 

 

Aucune

 

Produits minimisant les risques (Fonds obligataires mutualisés)

 

 

Réformes législatives

 

 

 

 

Réformes législatives

 

Réformes législatives

 

 

Club 2030 Afrique, Think Tank crée en 2012, est une institution à but non lucratif dont la mission principale est de mettre ses compétences, son savoir et son énergie au service des organes de gouvernance africains afin de les accompagner dans le processus d’émergence qui mènera à un développement économique et social harmonieux à horizon 2030. Le club 2030 Afrique entend répondre aux besoins de réflexion et d’échange qui se font particulièrement sentir dans un contexte où les problématiques de bonne gouvernance financière, de croissance économique durable et de développement humain constituent des enjeux majeurs en vue d’un affermissement des tendances socio-économiques observées sur le continent africain.

Top