Le sommet sur la sécurité maritime a refermé ses portes, le 15 octobre dernier à Lomé, au Togo, sur des notes de satisfaction. C’est le moins que l’on puisse dire. Car une charte contraignante sur la sécurité maritime a été signée, à l’occasion, par une trentaine de pays africains. Ils s’engagent à échanger leurs informations et leurs expériences et à lutter ensemble contre la piraterie, les trafics ou encore la pêche illégale, tout en promettant de délimiter désormais leurs frontières maritimes. Et ce n’est pas tout.
L’Union africaine (UA) décide de créer un fonds de sûreté et de sécurité maritime. Et pour un meilleur suivi de ces accords, l’UA entend créer un comité de 15 ministres désignés pour trois ans. Autant de belles résolutions qu’il faudra maintenant mettre en œuvre. Car, les chefs d’Etat africains, faut-il le rappeler, sont coutumiers du fait. Ils savent adopter de très beaux textes, mais ils ne se donnent jamais les moyens ni la volonté politique de les appliquer.
En effet, tout se passe comme si, pour eux, l’essentiel était seulement de prendre des décisions. C’est le cas par exemple du dernier sommet de Yaoundé sur la sécurité maritime qui se voulait plus ambitieux mais qui, trois ans plus tard, semble avoir été rangé aux oubliettes pour finalement faire place à ce qu’il est convenu d’appeler désormais la Charte de Lomé. Certes, certaines têtes couronnées du continent noir n’ont pas hésité à parler de « geste historique », mais la charte en question n’en demeure pas moins problématique et floue sur plusieurs points. Car, non seulement tous les participants n’ont pas signé le document, mais aussi le texte ne dit pas explicitement comment le fonds de sûreté et de sécurité mis en place, sera alimenté. De quoi être pessimiste quand on sait que bien des Etats africains peinent encore à s’acquitter de leurs cotisations au sein des organisations sous-régionales voire internationales. C’est le cas, par exemple, du Mali de Ibrahim Boubacar Kéita qui s’était vu retirer son droit de vote à l’ONU pour non-paiement de ses cotisations à hauteur, tenez-vous bien, de 250 millions de F CFA.
La sécurité maritime est un impératif
On peut multiplier les exemples, tant ils sont nombreux sur le continent. C’est donc trop beau, pour être vrai. Or, la sécurité maritime est un impératif, dans la mesure où tout le monde est unanime à reconnaître que 90% des échanges commerciaux sur le continent passent par les mers et les océans, d’où l’importance du sommet de Lomé. Le jeu en valait donc la chandelle. D’autant que nombreux sont les pays du continent qui ont un différend maritime et frontalier, comme c’est le cas entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, si fait qu’il est difficile pour eux de délimiter leurs frontières maritimes. Conséquences : les pirates et autres trafiquants de tout poil en profitent pour mener leurs basses besognes au grand dam des populations.
A cela s’ajoute le fait que les marines africaines ne disposent pas d’assez de moyens pour sécuriser les mers et les océans devenus de hauts lieux de contrebande, dans un contexte mondial marqué par la montée sans cesse du péril djihadiste. Alors que faire ? Il revient aux dirigeants africains de prendre leurs responsabilités. Car la question de la sécurité maritime est si cruciale qu’on ne peut pas la laisser entre les mains des Occidentaux qui, d’ailleurs, ne défendent que leurs intérêts. Pour cela, il urge de trouver des solutions aux multiples problèmes qui se posent au continent et qui compromettent sans cesse son développement.