Un travail collaboratif qui porte la plume de quatre économistes de renom, spécialistes des questions monétaires et de l’économie africaine : Kako Nubukpo, Bruno Tinel, le Sénégalais Demba Moussa Dembelé (président d’Arcade, directeur du Forum africain des alternatives) et le Camerounais Martial Ze Belinga (enseignant en économie et commerce international).
Le premier, ancien ministre togolais de la prospective, est en poste à l’Organisation internationale de la francophonie (Paris) depuis quelques mois, en qualité de directeur de la francophonie économique et numérique. Il est bien connu pour avoir critiqué ouvertement la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et sa politique monétaire.
Pour sa part, Bruno Tinel, maître de conférences à l’université Paris1-Panthéon-Sorbonne, est l’auteur du célèbre ouvrage «Dette publique : sortir du catastrophisme ». Annoncé pour être disponible en librairie à partir du 3 octobre prochain, le livre (publié aux éditions de La Dispute, avec le soutien de la fondation Gabriel Péri) sera au cœur d’une rencontre-débat ce 16 septembre à Paris.
« Cet ouvrage collectif s’inscrit dans la continuité du colloque organisé au sénat le 17 septembre 2015 par la fondation Gabriel Péri, le collectif Afrique du PCF et la fondation Rosa Luxemburg d’Allemagne », indique-t-on. « Il analyse les enjeux économiques et politiques et les alternatives possibles au Franc de la Communauté financière africaine (CFA) créé en 1945 et en cours aux Comores et dans quatorze États en Afrique ».
« Une monnaie trop forte, déconnectée des réalités économiques »
Dans leur ouvrage, poursuit-on dans sa présentation, les auteurs « démontrent que les économies de ces pays souffrent d’une monnaie trop forte, déconnectée des réalités économiques en raison de son arrimage à l’Euro. Il est en outre aujourd’hui évident que le principal objectif de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et de sa consœur, la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac) est la défense du taux de change entre le Franc CFA et l’Euro et la limite de l’inflation, au détriment de toute autre considération comme la croissance économique ou la satisfaction des besoins sociaux».
Ainsi prennent-ils pour preuve, 11 des 15 pays membres de la zone CFA, classés comme « pays moins avancés » par les Nations unies. « (…) Il devient quasiment impossible de mener durablement une politique monétaire différente de celle de la zone ancre, c’est-à-dire la zone Euro ».
En dehors des Comores, le CFA est la devise commune des États de l’Uemoa d’une part (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), et de la Cemac d’autre part (Cameroun, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale, République du Congo, Tchad).
Toutefois, Michel Sapin, Ministre français des Finances a déclaré lors de la dernière réunion semestrielle de la zone Franc (Yaoundé, 8 et 9 avril 2016) que son pays était ouvert au débat relatif à son évolution: « La France n’est pas là pour décider à la place des pays concernés», a-t-il affirmé. « Si des idées, si des propositions sont faites par les responsables politiques des pays concernés, la France est évidemment ouverte à toute évolution ».