Émeric Peyredieu du Charlat : “En Côte d’Ivoire, on financera la scolarité par des moyens innovants”

by club2030

Émeric Peyredieu du Charlat : “En Côte d’Ivoire, on financera la scolarité par des moyens innovants”

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En juin dernier, Audencia signait un accord sur la formation au sein de l’Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire. Pour Jeune Afrique, le nouveau président de la prestigieuse école de commerce basée à Nantes a accepté de détailler cet accord de coopération soutenu notamment par l’AFD.

C’est officiel, l’accord a été signé en juin dernier entre les deux écoles. C’est au sein de l’Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire (3 800 étudiants et 392 enseignants-chercheurs) qu’Audencia ouvrira au second semestre 2017 son second Cooperative Center for Studies, appuyé notamment par l’Agence française de développement (AFD).

Une initiative qui s’inscrit dans un plan stratégique, baptisé Audencia 2020, destiné à internationaliser l’école de commerce nantaise. Un premier centre du même type avait ouvert à Pékin en 2013. Alors que différentes écoles de commerce comme HEC, Paris-Dauphine, l’ESSEC et Kedge se sont déjà implantées sur le continent ou ont tissé des partenariats académiques, le nouveau directeur général d’Audencia, Émeric Peyredieu du Charlat, nommé le 12 septembre dernier, a souhaité rencontrer Jeune Afrique pour dévoiler les premiers contours de ce centre qui devrait commencer par la formation continue avant d’aborder la formation initiale.

Jeune Afrique : En juin dernier, votre école annonçait l’ouverture d’un Cooperative Center for Studies au sein de l’INP-HB de Yamoussoukro et en collaboration avec lui. Quand s’effectuera la première rentrée ?

Émeric Peyredieu Du Charlat : La première rentrée se fera probablement en septembre 2017. Plus tôt, si nous disposons des effectifs pour démarrer. Nous sommes actuellement en recherche de développement commercial. C’est un travail en commun avec l’Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny pour valoriser nos offres et chercher des partenariats et des clients. Le recrutement de nos étudiants se fera à partir de l’INP-HB. Notre premier périmètre de recrutement sera Yamoussoukro et la Côte d’Ivoire.

Comment s’articuleront vos formations ?

Nous serons là pour apporter des cours de management dans une université à dominante technologique. On va démarrer par la formation continue qui est un créneau plus facilement démultipliable. Elle se déclinera par la suite en formation initiale, du post-bac jusqu’au master. C’est une réflexion qui s’installe avec les entreprises, sur la manière dont elles veulent former leurs cadres et anticiper les besoins en formant les bacheliers. Nos formations en management seront identiques à ce que notre business school fait en France, du bachelor au MBA.

On pourra adapter les formations à la demande de notre partenaire, l’INP-HB, en fonction de ses besoins.

On pourra adapter les formations à la demande de notre partenaire, l’INP-HB, en fonction de ses besoins. Nos masters pourront être très spécifiques mais nous aurons aussi des formations créées pour une seule entreprise. On peut très bien imaginer qu’une entreprise souhaite assurer une part de sa formation continue en France et poursuivre à Yamoussoukro, ce sera du sur-mesure. Il y aura aussi des formations interentreprises, quand une société estime que certains de ses cadres ont besoin d’une formation en commerce international, on assurera des modules plus génériques en finance d’entreprise par exemple ou des masters en supply chain [gestion de chaîne logistique].

Comment vos étudiants financeront-ils leur formation ?

C’est vrai qu’en Côte d’Ivoire, nous sommes dans une tradition de scolarité gratuite. Il faut qu’on trouve le moyen innovant d’assurer le financement de la scolarité, des formations post-bac ou post-licences. Pour ma part, je suis sûr que le modèle, qui fonctionne en France, des entreprises qui financent la montée de leurs cadres, fonctionnera aussi en Afrique.

C’est un défi qui se pose aussi pour la formation initiale ?

On se dit que ce qui se fait en formation continue devrait pouvoir se faire en formation initiale. Si une grande entreprise ivoirienne investit dans la formation de ses cadres confirmés, elle peut être également intéressée pour investir dans la formation de bacheliers ou de bac +3 en pensant qu’elle est une société en croissance, qu’elle aura besoin de recruter une population ivoirienne qui a été formée sur place. Le volume d’étudiants dépendra de la façon dont on trouvera un mode de financement pour la formation initiale.

Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, ceux qui veulent suivre des formations de business school s’expatrient, vont en France ou aux États-Unis.

Sera-t-on éligible à une subvention du gouvernement ivoirien ? C’est une piste. Sinon il faudra un partenaire privé sachant que les élèves ne pourront pas payer. Il nous faudra être attractif pour les élèves ivoiriens qui pourraient être intéressés par ce type de formation. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, ceux qui veulent suivre des formations de business school s’expatrient, vont en France ou aux États-Unis. Si une partie des jeunes Ivoiriens préfèrent venir en France, à qui nous adressons-nous ? Ce réglage est délicat pour le moment, car c’est inédit d’être pour nous dans un modèle d’enseignement gratuit. En France et en Chine, les élèves et leurs familles sont conscients du fait qu’une business school est forcément privée et nécessite des ressources, donc que les élèves paient la scolarité et que cela constitue un investissement sur l’avenir. Il faut trouver notre place.

De quelle mobilité bénéficieront vos étudiants entre les deux continents ?

En France, un échange d’un an est obligatoire pour nos étudiants. C’est un échange individualisé. Nos élèves ne partent pas par paquet de 50 sur nos campus. Nous avons 200 partenaires internationaux au sein desquels nous envoyons nos élèves dans une logique de réciprocité. L’INP-HB sera inclus dans ce cursus. Nous serons heureux d’accueillir un certain nombre d’élèves dans cette logique individualisée et d’en envoyer. Les élèves paient les frais de scolarité dans l’institut dans lequel ils sont inscrits et bénéficient de la gratuité de l’échange.

Quelle sera la reconnaissance des diplômes ?

Nos business schools [plusieurs écoles regroupées au sein du groupe Audencia] font l’objet d’accréditation internationale par trois organismes, l’AACSB [Association to advance collegiate schools of business], l’AMBA [Association of MBAs] et Equis [European Quality Improvement System]. Toutes les business schools de qualité ont une, deux ou trois accréditations. Moins de 1 % des business schools ont les trois accréditations, dont Audencia. On a une qualité académique reconnue par ces organismes indépendants. Pour nous, il est capital de nous associer avec des instituts académiques qui ont les mêmes logiques d’excellence.

Par rapport à d’autres écoles de commerce comme l’Essec, Kedge ou HEC, n’avez-vous pas mis plus de temps à venir en Afrique ?

Je ne suis arrivé qu’il y a un mois à Audencia ! (rires) Actuellement le monde de l’éducation est global. Pour assurer notre développement, il est important d’être présent sur l’ensemble des marchés mondiaux. Nous sommes dans notre plan de développement Audencia 2020 dans la perspective de se déployer sur plusieurs continents, d’être à la fois global, et très fort sur notre territoire national, à Nantes, dans le Grand Ouest français.

Le premier continent sur lequel nous nous sommes implantés en 2013, c’est en Asie, en nouant un partenariat en Chine avec l’université de technologie de Pékin (Beijing Institute of Technology, BIT), une université d’ingénieurs qui souhaitait apporter des cours de management à ses élèves. Par notre partenariat avec l’École centrale de Nantes, nous connaissons les liens entre managers et ingénieurs. Lorsqu’est apparue l’opportunité à Yamoussoukro d’établir un centre sous le même mode opératoire, nous n’avons pas hésité, nous nous sommes portés candidats. Il y a possibilité d’apporter un développement par l’éducation et contribuer au développement de la Côte d’Ivoire qui a retrouvé une stabilité politique et sociale bienvenue, avec des atouts réels.

Qu’est-ce que vous a apporté le partenariat que vous avez établi à cette occasion avec l’

Jeune Afrique : En juin dernier, votre école annonçait l’ouverture d’un Cooperative Center for Studies au sein de l’INP-HB de Yamoussoukro et en collaboration avec lui. Quand s’effectuera la première rentrée ?

Émeric Peyredieu Du Charlat : La première rentrée se fera probablement en septembre 2017. Plus tôt, si nous disposons des effectifs pour démarrer. Nous sommes actuellement en recherche de développement commercial. C’est un travail en commun avec l’Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny pour valoriser nos offres et chercher des partenariats et des clients. Le recrutement de nos étudiants se fera à partir de l’INP-HB. Notre premier périmètre de recrutement sera Yamoussoukro et la Côte d’Ivoire.

Comment s’articuleront vos formations ?

Nous serons là pour apporter des cours de management dans une université à dominante technologique. On va démarrer par la formation continue qui est un créneau plus facilement démultipliable. Elle se déclinera par la suite en formation initiale, du post-bac jusqu’au master. C’est une réflexion qui s’installe avec les entreprises, sur la manière dont elles veulent former leurs cadres et anticiper les besoins en formant les bacheliers. Nos formations en management seront identiques à ce que notre business school fait en France, du bachelor au MBA.

On pourra adapter les formations à la demande de notre partenaire, l’INP-HB, en fonction de ses besoins.

On pourra adapter les formations à la demande de notre partenaire, l’INP-HB, en fonction de ses besoins. Nos masters pourront être très spécifiques mais nous aurons aussi des formations créées pour une seule entreprise. On peut très bien imaginer qu’une entreprise souhaite assurer une part de sa formation continue en France et poursuivre à Yamoussoukro, ce sera du sur-mesure. Il y aura aussi des formations interentreprises, quand une société estime que certains de ses cadres ont besoin d’une formation en commerce international, on assurera des modules plus génériques en finance d’entreprise par exemple ou des masters en supply chain [gestion de chaîne logistique].

Comment vos étudiants financeront-ils leur formation ?

C’est vrai qu’en Côte d’Ivoire, nous sommes dans une tradition de scolarité gratuite. Il faut qu’on trouve le moyen innovant d’assurer le financement de la scolarité, des formations post-bac ou post-licences. Pour ma part, je suis sûr que le modèle, qui fonctionne en France, des entreprises qui financent la montée de leurs cadres, fonctionnera aussi en Afrique.

C’est un défi qui se pose aussi pour la formation initiale ?

On se dit que ce qui se fait en formation continue devrait pouvoir se faire en formation initiale. Si une grande entreprise ivoirienne investit dans la formation de ses cadres confirmés, elle peut être également intéressée pour investir dans la formation de bacheliers ou de bac +3 en pensant qu’elle est une société en croissance, qu’elle aura besoin de recruter une population ivoirienne qui a été formée sur place. Le volume d’étudiants dépendra de la façon dont on trouvera un mode de financement pour la formation initiale.

Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, ceux qui veulent suivre des formations de business school s’expatrient, vont en France ou aux États-Unis.

Sera-t-on éligible à une subvention du gouvernement ivoirien ? C’est une piste. Sinon il faudra un partenaire privé sachant que les élèves ne pourront pas payer. Il nous faudra être attractif pour les élèves ivoiriens qui pourraient être intéressés par ce type de formation. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, ceux qui veulent suivre des formations de business school s’expatrient, vont en France ou aux États-Unis. Si une partie des jeunes Ivoiriens préfèrent venir en France, à qui nous adressons-nous ? Ce réglage est délicat pour le moment, car c’est inédit d’être pour nous dans un modèle d’enseignement gratuit. En France et en Chine, les élèves et leurs familles sont conscients du fait qu’une business school est forcément privée et nécessite des ressources, donc que les élèves paient la scolarité et que cela constitue un investissement sur l’avenir. Il faut trouver notre place.

De quelle mobilité bénéficieront vos étudiants entre les deux continents ?

En France, un échange d’un an est obligatoire pour nos étudiants. C’est un échange individualisé. Nos élèves ne partent pas par paquet de 50 sur nos campus. Nous avons 200 partenaires internationaux au sein desquels nous envoyons nos élèves dans une logique de réciprocité. L’INP-HB sera inclus dans ce cursus. Nous serons heureux d’accueillir un certain nombre d’élèves dans cette logique individualisée et d’en envoyer. Les élèves paient les frais de scolarité dans l’institut dans lequel ils sont inscrits et bénéficient de la gratuité de l’échange.

Quelle sera la reconnaissance des diplômes ?

Nos business schools [plusieurs écoles regroupées au sein du groupe Audencia] font l’objet d’accréditation internationale par trois organismes, l’AACSB [Association to advance collegiate schools of business], l’AMBA [Association of MBAs] et Equis [European Quality Improvement System]. Toutes les business schools de qualité ont une, deux ou trois accréditations. Moins de 1 % des business schools ont les trois accréditations, dont Audencia. On a une qualité académique reconnue par ces organismes indépendants. Pour nous, il est capital de nous associer avec des instituts académiques qui ont les mêmes logiques d’excellence.

Par rapport à d’autres écoles de commerce comme l’Essec, Kedge ou HEC, n’avez-vous pas mis plus de temps à venir en Afrique ?

Je ne suis arrivé qu’il y a un mois à Audencia ! (rires) Actuellement le monde de l’éducation est global. Pour assurer notre développement, il est important d’être présent sur l’ensemble des marchés mondiaux. Nous sommes dans notre plan de développement Audencia 2020 dans la perspective de se déployer sur plusieurs continents, d’être à la fois global, et très fort sur notre territoire national, à Nantes, dans le Grand Ouest français.

Le premier continent sur lequel nous nous sommes implantés en 2013, c’est en Asie, en nouant un partenariat en Chine avec l’université de technologie de Pékin (Beijing Institute of Technology, BIT), une université d’ingénieurs qui souhaitait apporter des cours de management à ses élèves. Par notre partenariat avec l’École centrale de Nantes, nous connaissons les liens entre managers et ingénieurs. Lorsqu’est apparue l’opportunité à Yamoussoukro d’établir un centre sous le même mode opératoire, nous n’avons pas hésité, nous nous sommes portés candidats. Il y a possibilité d’apporter un développement par l’éducation et contribuer au développement de la Côte d’Ivoire qui a retrouvé une stabilité politique et sociale bienvenue, avec des atouts réels.

Qu’est-ce que vous a apporté le partenariat que vous avez établi à cette occasion avec l’Agence française de développement (AFD) ?

Je n’ai pas le montant exact mais c’est relativement important. C’est un projet qui rentre dans son périmètre d’expertise. Dans le monde des business schools, on est confrontés à une raréfaction des subventions nationales et régionales, il est important de savoir que d’autres entités peuvent être intéressées par notre secteur d’activité.

D’autres centres sont-ils en prévision sur le continent africain ?

Le partenariat avec l’INP-HB n’est pas du tout exclusif si se présentent d’autres opportunités [Frédéric Alexis et Philippe Dépincé, deux représentants de l’école de management avait indiquer vouloir accélérer encore en Côte d’Ivoire et au-delà en marge des Rencontres Africa 2016 à Paris en septembre]. Le vecteur qui déterminera ces déploiements, c’est la disponibilité du corps professoral. Le marché de la formation et de l’aspiration à une progression sociale pour la jeunesse africaine font qu’il y a une place naturelle que l’on peut prendre.

Des opportunités se sont-elles présentées ?

Oui, mais elle ne sont pas suffisamment mûres pour en parler.

Je n’ai pas le montant exact mais c’est relativement important. C’est un projet qui rentre dans son périmètre d’expertise. Dans le monde des business schools, on est confrontés à une raréfaction des subventions nationales et régionales, il est important de savoir que d’autres entités peuvent être intéressées par notre secteur d’activité.

D’autres centres sont-ils en prévision sur le continent africain ?

Le partenariat avec l’INP-HB n’est pas du tout exclusif si se présentent d’autres opportunités [Frédéric Alexis et Philippe Dépincé, deux représentants de l’école de management avait indiquer vouloir accélérer encore en Côte d’Ivoire et au-delà en marge des Rencontres Africa 2016 à Paris en septembre]. Le vecteur qui déterminera ces déploiements, c’est la disponibilité du corps professoral. Le marché de la formation et de l’aspiration à une progression sociale pour la jeunesse africaine font qu’il y a une place naturelle que l’on peut prendre.

Des opportunités se sont-elles présentées ?

Oui, mais elle ne sont pas suffisamment mûres pour en parler.

Club 2030 Afrique, Think Tank crée en 2012, est une institution à but non lucratif dont la mission principale est de mettre ses compétences, son savoir et son énergie au service des organes de gouvernance africains afin de les accompagner dans le processus d’émergence qui mènera à un développement économique et social harmonieux à horizon 2030. Le club 2030 Afrique entend répondre aux besoins de réflexion et d’échange qui se font particulièrement sentir dans un contexte où les problématiques de bonne gouvernance financière, de croissance économique durable et de développement humain constituent des enjeux majeurs en vue d’un affermissement des tendances socio-économiques observées sur le continent africain.

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