Transformer les ressources agricoles en Afrique, une priorité réaffirmée

by club2030

Transformer les ressources agricoles en Afrique, une priorité réaffirmée

by club2030

by club2030

Pour Mohamed Ould Tolba, économiste agricole en chef à la Banque africaine de développement (BAD), les pays d’Afrique doivent s’efforcer de transformer leurs ressources agricoles sur place avant de les exporter, pour une agriculture plus durable.

Le développement de l’agriculture en Afrique reste un enjeu majeur, y compris pour l’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD). Mohamed Ould Tolba, économiste agricole en chef à la Banque africaine de développement (BAD), explique comment les pays d’Afrique riches en matières premières doivent s’efforcer de les transformer leurs ressources agricoles sur place, avant de les exporter.

Pourquoi les pays d’Afrique peinent-ils à transformer leurs ressources agricoles sur place ?

Plusieurs contraintes ont empêché les pays africains de le faire. On peut citer à titre d’exemple l’insuffisance de l’approvisionnement énergétique, qui limite les possibilités de stockage et de transformation, ainsi que  le manque d’infrastructures routières (routes bitumées et réseau de chemin de fer) qui entravent l’acheminement des produits agricoles des zones de productions vers les marchés et occasionne des grosses pertes après récolte.

Mais les choses commencent à changer. La Côte d’Ivoire s’oriente résolument dans ce sens pour la cacao. Il existe aujourd’hui 14 broyeurs de fèves dans le pays, assurant un premier niveau de transformation de 33 % de la production nationale. Le gouvernement a pour objectif de porter ce niveau de transformation à 50 % en 2020. A terme, toute la production nationale pourrait subir une première transformation sur place. De même, les 180 000 tonnes d’huile d’olive produites annuellement en Tunisie subissent une première transformation sur place. Le pays compte se lancer dans le conditionnement pour augmenter sa part de marché. Aujourd’hui, moins de 10 % de la production nationale est conditionnée sur place.

 

Qu’est ce qui explique ce changement ?

Les contraintes liées à l’énergie et à l’existence de réseaux de transport, commencent à moins peser, grâce aux investissements réalisés par la Côte d’Ivoire et la Tunisie. Bien des pays africains ont fait des progrès dans l’environnement des affaires. Tous ces facteurs, ensemble, créent des conditions plus favorables à l’investissement privé. Car ne l’oublions pas, la transformation des produits agricoles est une affaire qui relève du secteur privé.

Dans quelle mesure le développement des infrastructures et le développement agricole sont-ils liés ?

La question des infrastructures routières est cruciale. Il s’agit de connecter les zones rurales aux centres urbains qui sont les lieux des grands marchés agricoles, mais aussi de connecter les pays entre eux, pour développer le commerce régional. Au Cameroun, 40 % de la production annuelle de banane plaintain est perdue faute d’infrastructures routières suffisantes.

Ces dix dernières années, la BAD a travaillé dans ce sens en appuyant dans le cadre de projets multinationaux des routes qui relient les pays d’une même sous-région entre eux (avec les routes Douala-Bangui, Douala-N’Djamena, Bamenda-Enugu qui relient le Cameroun à ses voisins ou encore l’axe Dossoula-Dolisié, qui relie le Congo au Gabon). Il s’agit aussi de financer des projets nationaux avec des composantes de désenclavement des zones rurales. La BAD soutient par ailleurs le développement des infrastructures de stockage et de commercialisation (magasins, entrepôts, marchés), le renforcement des capacités techniques des acteurs des chaines de valeur ainsi que la mise en place de politiques agricoles adéquates. Toutes ces actions contribuent à diminuer les pertes après récolte. Mais les besoins sont énormes et beaucoup reste à faire dans ce domaine.

En quoi le développement agricole est-il crucial pour l’atteinte des ODD ?

Les ODD 1 et 2 visent à éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et la faim, et concernent en premier lieu les populations rurales. Les deux tiers de la population des pays les moins avancés (PMA) vivent dans les zones rurales, où la pauvreté est deux fois plus importante que dans les villes. L’ODD 6, quant à lui, vise à garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement rural et assurer une gestion durable des ressources en eau. Au sud du Sahara, pas moins de 319 et 695 millions de personnes n’ont pas accès respectivement à l’eau potable et l’assainissement. Là encore, une grande partie de ces populations vit en milieu rural.

Il faudra donc une forte orientation vers le développement rural dans les stratégies nationales pour la réalisation des ODD. D’autant que les populations rurales peuvent jouer un rôle plus important dans la création de richesse et la croissance, particulièrement dans les pays d’Afrique subsaharienne, où la part de l’agriculture dans le PIB reste importante (15,6 % pour le Sénégal, 19 % au Cameroun, 32,5 % au Rwanda, 28,1 % à Madagascar et 50 % au Tchad).

Article complet : http://ideas4development.org/transformer-ressources-agricoles-afrique-priorite-reaffirmee/?utm_content=buffer94abe&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer

Club 2030 Afrique, Think Tank crée en 2012, est une institution à but non lucratif dont la mission principale est de mettre ses compétences, son savoir et son énergie au service des organes de gouvernance africains afin de les accompagner dans le processus d’émergence qui mènera à un développement économique et social harmonieux à horizon 2030. Le club 2030 Afrique entend répondre aux besoins de réflexion et d’échange qui se font particulièrement sentir dans un contexte où les problématiques de bonne gouvernance financière, de croissance économique durable et de développement humain constituent des enjeux majeurs en vue d’un affermissement des tendances socio-économiques observées sur le continent africain.

Top