Publié chaque année depuis trois ans, le rapport du cabinet d’études international Havas Horizons décortique la perception qu’ont les investisseurs internationaux de l’économie africaine. En 2017, il place la Côte d’Ivoire comme premier pays agricole en Afrique avant l’Éthiopie. Mais les turbulences récentes connues par ce secteur mobilisent ses acteurs pour la sauvegarde du leadership.
Tenu en septembre dernier à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le Forum pour la révolution verte en Afrique qui vise la promotion de l’agriculture africaine a été perçu par de nombreux participants comme une confirmation du premier rôle que doit jouer sur le continent le pays d’Alassane Ouattara dans ce secteur. Cette 7e édition – la première en Afrique francophone –, organisée par l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), la Banque africaine de développement et le gouvernement ivoirien, a vu la participation de chefs d’État africains et de plus de 1 300 délégués, dont des représentants d’ONG, des scientifiques, des acteurs du secteur privé ainsi que plusieurs partenaires techniques et financiers. Malgré cette démonstration de la puissance agricole continentale du pays qui le place dans les premiers rangs mondiaux avec des cultures d’exportation comme le cacao, le café, l’anacarde et l’hévéa, le secteur agricole ivoirien, qui couvre 40 % des terres cultivables sur une superficie de 322 462 km2 et représente près de la moitié du PIB national, est depuis peu à la peine, principalement à cause de la baisse de ces produits de rente. Sur le thème « Accélérer la marche de l’Afrique vers la prospérité : contribuer à la croissance d’économies inclusives et à la création d’emplois à travers l’agriculture », l’édition 2017 de ce forum, où des accords de coopération et de partenariat d’une valeur globale de 6,5 milliards USD ont été signés, a aussi été une occasion de passer au crible les innovations et les interventions sur le terrain. Toujours en pointe pour ce qui concerne les innovations dans le secteur agricole, la Côte d’Ivoire a saisi cette opportunité pour exposer ce qui devra lui permettre de maintenir son rang.
Dans la foulée de ces assises, la Banque africaine de développement, partenaire de l’événement, a présenté à son siège d’Abidjan un projet agricole innovant réussi en Côte d’Ivoire et s’inspirant du modèle coréen Saemaul Undong : il a responsabilisé les communautés rurales en les rendant garantes de leur propre développement.
Cette initiative implantée dans le district autonome de Yamoussoukro a vu les villageois de Zatta et de N’gbékrose réussir à construire des infrastructures telles qu’un barrage pour l’irrigation, des écoles et des logements pour les enseignants, un marché, un centre médical et un centre de jeunesse, une installation d’élevage de poulets et un établissement de microfinance. Une expérience que la banque panafricaine envisage d’étendre sur le continent. Pour leur part, sur le plan national, les pouvoirs publics soutiennent la restructuration des Chambres d’agriculture de Côte d’Ivoire afin de sortir des logiques géographiques et d’adopter le modèle des filières. Ainsi, à l’organisation spatiale avec des structures départementales ou régionales sera substituée à l’issue de la restructuration une organisation par filières de type café-cacao, coton-anacarde, etc., et ce en fonction de la loi d’orientation agricole élaborée par le gouvernement ivoirien. Un exécutif qui, en 2016, avait profité du Salon international de l’agriculture de Paris, en France, pour lancer le label Cacao Ivoire. Pour le ministre de l’agriculture Mamadou Sangafowa Coulibaly, ce label officiellement approuvé par le gouvernement ivoirien en février 2016 a pour objectif de créer un sceau apposé par les chocolatiers industriels et artisanaux sur leurs produits fabriqués à partir de cacao ivoirien. Selon certains experts, ces industriels utilisent au moins 30 % de cacao en provenance de Côte d’Ivoire. Et Mamadou Sangafowa Coulibaly d’ajouter : « Nous n’avions jamais valorisé cela. Les paysans n’en avaient jamais profité.
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