L’économie informelle se digitalise en Afrique

by club2030

L’économie informelle se digitalise en Afrique

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Depuis plusieurs années, les gouvernements africains montrent leurs limites quant à leur capacité à accompagner les acteurs de l’économie informelle. Et si le digital pouvait aider ? 

Le secteur informel qui représente 72% de l’économie africaine, est composé en grande partie de vendeurs ambulants, chauffeurs de taxi, agriculteurs, coiffeurs, plombiers, etc… La particularité de cette économie est qu’elle est très visible et en même temps très difficile à évaluer. Identification des acteurs et des activités, évaluation des revenus sont autant d’éléments qui échappent aux administrations. C’est à cette problématique que de nombreuses applications/plateformes digitales tentent de répondre.

Ces entrepreneurs, jusque là invisibles des radars, sont invités à s’inscrire sur ces plateformes afin de proposer leurs services à de potentiels clients. Identité complète, activité, numéro de téléphone, sont autant de données récupérées lors de ces inscriptions. De fait, c’est un premier pas vers la formalisation de ces micro-entreprises, puisque leur identification est désormais possible et surtout ces plateformes ont une visibilité sur les revenus de ces entrepreneurs.

Lynk (Kenya) fait partie de ces plateformes qui permet la mise en relation entre des entrepreneurs du secteur informel (plombiers, jardiniers, électriciens, professeurs à domicile…) et les ménages de la classe moyenne. Le timing semble particulièrement adapté pour ce type de service, notamment grâce à la percée du digital et l’exigence grandissante de la classe moyenne.

Une classe moyenne de plus en plus exigeante

Le nombre de personnes appartenant à la classe moyenne en Afrique est de plus en plus considérable. Cette classe moyenne, recherche avant tout des services de qualité. Plus question de faire appel à des entrepreneurs dont la qualité de service ne peut être garantie. Et c’est exactement la problématique à laquelle la plateforme Lynk répond. Ainsi, lorsque vous demandez un soin du visage à domicile, Lynk essaie de comprendre précisément le type de soins que vous recherchez, votre type de peau, vos allergies, mais aussi vos disponibilités avant de vous mettre en relation avec un entrepreneur. Il en est de même lorsque vous cherchez un plombier ou un menuisier. De plus, Lynk garantit la ponctualité des entrepreneurs tout comme le remboursement de la prestation si vous n’êtes pas satisfait. Cette garantie de qualité séduit beaucoup la classe moyenne mais aussi les entrepreneurs. Ces derniers y voient le moyen d’accéder à des missions plus nombreuses, mieux rémunérées et plus valorisantes. La plateforme intervient donc en tant que tiers de confiance entre les deux parties.

La formalisation

La proposition de valeur de ces plateformes incite donc tout naturellement les entrepreneurs à s’y inscrire. Ce premier niveau de formalisation peut conduire à cercle vertueux. En effet, le fait de se déclarer ainsi sur une plateforme permet à l’entrepreneur de mieux démontrer l’ampleur de son activité à travers l’historique de ses missions et de ses revenus. Cela peut ainsi lui permettre d’accéder à des services divers et variés (assurance professionnelle, microcrédit…) Evidemment, cela permet aussi à l’administration d’avoir une source d’information fiable. Il ne s’agit pas d’utiliser ces informations pour taxer ces entrepreneurs comme souvent, mais plutôt de considérer l’opportunité de créer un nouveau système différent du système formel classique. Un système totalement pensé et adapté à ces microentreprises en termes de protections, de financements et de services associés. Les taxes seraient alors plus facilement acceptables par ces entrepreneurs.

Des exemples similaires dans d’autres pays

Dans le domaine de la livraison de colis, la plateforme Max (Nigéria) permet aux taxi-motos de se transformer en livreur ponctuellement, à temps partiel ou à temps plein. Lorsqu’on sait que Lagos est l’une des villes les plus embouteillées au monde, on comprend tout de suite l’intérêt d’utiliser ces taxi-motos qui ont une parfaite connaissance de la ville et une certaine agilité.

Là aussi c’est une manière d’amener des entrepreneurs indépendants historiquement ancrés dans l’informel vers un nouveau système beaucoup plus vertueux. Pour la plateforme Max, la qualité est aussi un point crucial. Le processus d’inscription pour les entrepreneurs (taxi-motos ou autres) est assez structuré et sert de filtre. Toujours pour renforcer la qualité du service, une application avec un système de géolocalisation permet aux livreurs d’effectuer leurs courses de façon fiable.

De manière générale, cette tendance qui amène les plateformes à s’appuyer sur le secteur informel pour proposer un service garanti et à plus forte valeur ajoutée à des clients, va probablement s’accentuer avec le renforcement de la connectivité et l’évolution de la classe moyenne. Ces exemples prouvent que les entrepreneurs africains n’ont aucune réticence à se formaliser lorsque la proposition de valeur qu’on leur présente est pertinente.

Club 2030 Afrique, Think Tank crée en 2012, est une institution à but non lucratif dont la mission principale est de mettre ses compétences, son savoir et son énergie au service des organes de gouvernance africains afin de les accompagner dans le processus d’émergence qui mènera à un développement économique et social harmonieux à horizon 2030. Le club 2030 Afrique entend répondre aux besoins de réflexion et d’échange qui se font particulièrement sentir dans un contexte où les problématiques de bonne gouvernance financière, de croissance économique durable et de développement humain constituent des enjeux majeurs en vue d’un affermissement des tendances socio-économiques observées sur le continent africain.

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