Les négociations de la COP21 étaient attendues sur trois points : la différenciation, le financement et le niveau d’ambition (contraignant ou pas). Sur ces trois points, l’accord signé à Paris semble être un succès à la Pyrrhus.
L’ambition
L’objectif est de limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C d’ici la fin du siècle.
Jusqu’à présent, 187 pays sur les 196 parties ont donné leur contribution (à la date du 11 décembre), mais celles-ci restent insuffisantes et permettent de limiter la hausse des températures à 2,7°C seulement. Pour une quarantaine d’Etats, essentiellement situés dans le Pacifique et en Afrique, le seuil de 1,5°C est vital. Des promesses ont été faites. Désormais, la question est de savoir comment les mettre à exécution ?
La différenciation
La différenciation signifie la prise en compte des capacités économiques et des responsabilités historiques de chaque pays dans le réchauffement climatique. La différenciation doit permettre de déterminer les trajectoires de chaque pays et voir dans quelle mesure ils pourront recevoir une partie de l’aide. Or, certains pays, comme la Chine et l’Inde, demandent aujourd’hui à bénéficier des fonds alors qu’ils devraient être mis à contribution.
Le financement
Le financement est un point crucial de l’accord. Sans financement, il est impossible d’aider les pays les plus vulnérables face au réchauffement climatique. L’Afrique fait cas d’école : le continent émet moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre et il est aussi le plus touché par le réchauffement climatique. Plus accablant, le continent ne consomme que 3% de l’énergie mondiale produite. La faible consommation d’énergie est un réel frein pour le développement économique des pays africains. Si l’on part du principe que l’Afrique est le prochain relais de croissance et pourrait devenir le premier continent à faire une révolution énergétique décarbonée, il convient de lui consacrer au moins 50% du Fond vert des Nations Unies pour développer des projets d’énergies renouvelables.
L’équation n’est pas aisée pour le continent africain. D’une part, il doit se développer économiquement donc mener une politique énergétique ambitieuse et d’autre part, il doit développer une politique énergétique décarbonée. Il faudrait que l’Afrique bénéficie d’une réelle incitation, avec un mécanisme de financement adéquat pour accompagner les 6 000 projets d’énergies renouvelables qui peinent à voir le jour par manque de financement ou de garantie financière.
Le financement des efforts des pays en développement était un autre point d’achoppement des discussions : l’objectif de $ 100 milliards par an d’ici 2020, à fournir par les pays développés, adopté en 2009 au Sommet de Copenhague, est présenté comme « un niveau plancher » avec un objectif à définir pour après 2025.
Et maintenant?
Tout d’abord, jusqu’en 2020, c’est le protocole de Kyoto qui continue à s’appliquer. L’accord de Paris, adopté en séance par consensus, doit maintenant être signé (probablement au début de l’année 2016). Puis pour entrer en vigueur le 1er janvier 2020, puis il devra être ratifié, accepté ou approuvé, selon les modalités retenues par chaque Etat, par au moins 55 pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais, « à tout moment après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de l’accord pour un pays », celui-ci pourra s’en retirer, sur simple notification.
Khaled Igué, Président du think tank Club 2030 Afrique